vendredi 17 janvier 2014

Prier et ses métamorphoses. Entre acte de performance au-delà de l’émotionnel et investissement psycho-symbolique. Cas malgache*.

L’ambivalence « effervescence émotionnelle » et « rite froid » est devenue un raccourci conceptuel classique quand on étudie les nouvelles formes de religiosité contemporaine. Sur les traces de Bernard Lamizet (2005), la présente contribution tente de formuler une possible signification sémiologico-anthropologique à l’endroit de l’objet d’étude : prier, au-delà des héritages conceptuels autour de « l’émotion » (Champion F. et Hervieu- Léger D., 1990) ou de l’optique de « religion spontanée » (Maurier, 1997) ; aussi de « l’éthique du présent » (Mbodo, 2003). Prier et ses métamorphoses dans une église évangélique d’inspiration américaine, un ministère évangélique malgache local, sont les points principaux de cet article. Une esquisse de typologie des prières s’impose : prière de gratitude ; litanie d’adoration ; prière de brisement ; psaumes ; parler en langue ; confession de foi et parole prophétique. Un tout systémique. Ainsi, selon nous, la confession de foi fait figure de processus d’autosuggestion et de motivation ; la parole prophétique comme programmation procédurale neuro-théologique. Nous sommes à la fois entre le global et le local. Un lieu de syncrétisme par définition mais ignoré de l’intérieur. Désormais, prier est non seulement un dialogue entre le sujet et Dieu. Un dialogue où la forme de médiation fait croire à la spontanéité et à l’émotionnel si l’on s’en tient aux techniques du corps. C’est un dialogue paramétré entre le sujet et une divinité en lui. Un acte de performance. Un monologue camouflé. Prier comme langage gestuel en mode mimétique ; travail linguistique en mode expérimental, de surface improvisée, intensément symbolique dont le contenu de la requête est prémédité. Une relation intense entre l’homme, temple habité par une puissance supernaturelle et celle-ci s’installe. En milieu charismatique, les enjeux mimétiques (Girard R., 2007) de la prière et sa réception au niveau ontologique semblent bien répondre aux besoins à la fois individuels et communautaires épousant à merveille le paradigme de la « motivation » proposé par Maslow (1970) et s’appropriant des procédures empruntées à la programmation neuro-linguistique de Bandler R. et Grinder J. La notion de requête semble bien dépassée. Car ici, Parole émise, au-delà de la conception piétiste et transactionnelle, serait parole exaucée car porteuse d’une syntaxe liturgique et d’essence sacrale. Verbe sacré. Un véritable retour aux sources du Verbe sacré si vivace en « pays exotique » pour un investissement psycho-symbolique actuel. Mots-clés : Prier – langage – symbolique - Parole - performance – entité évangélique – Saint Esprit

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